4. Ripailles !
Après s'être débarrassés de la pierre maudite dans le lac Léman, Mathilde Duchesne, Alejandro Torrentera et Kara Abdulhamid se joignirent au banquet qui se tenait sur la rive, dans le parc du château de Ripailles, propriété du duc de Savoie, Charles Emmanuel Ier le Grand. Le lendemain aurait lieu sur le domaine du château, qui selon la légende abritait un démon, la grande chasse annuelle dont la renommée avait attiré des chasseurs de toute la France et même de l'étranger, venus pour remporter le titre de Maître Ripailleur, ainsi qu'une coquette prime.
Hésitant à s'inscrire au premier abord, le trio se décida à participer quand un gentilhomme providentiel se présenta à eux sous le nom de Tomás López Sáenz et proposa de payer leurs frais afin de s'allier pour empocher la prime. Après avoir loué des chiens et les services du jardinier pour les guider, les compères partirent se coucher. Alejandro en profita pour s'éclipser en charmante compagnie.
Le plan était simple : Mathilde et Kara iraient au coeur de la forêt, où l'on trouve les plus belles prises mais aussi les plus grands dangers, tandis que Tomas essaierait de passer des arrangements au château, où se concluraient apparemment quelques affaires.
La première prise de Kara fut une biche, qu'il n'oublia pas de marquer afin de ne pas se la faire voler. S'enfonçant un peu plus dans la forêt, ils firent une macabre découverte : le cadavre d'un de leur concurrent, poignardé dans le dos. Apparemment, certains ne jouaient pas dans les règles. Ce qui fut confirmé un peu plus tard, quand ils surprirent un tireur embusqué prêt à abattre un autre concurrent ; heureusement ils arrivèrent à temps et purent même l'interroger. Il révéla qu'il était payé par le duc de Lorraine pour tuer le plus de participants possibles afin de semer le chaos, et qu'il n'était pas seul. Le duo décida de rentrer au château afin de prévenir les organisateurs.
Pendant ce temps, Tomas mit à profit la matinée pour faire connaissance avec les demoiselles de la cour et les nobles restés au château. Il fut témoin de faits étranges : d'abord, un chasseur encapuchonné empoisonna un pichet destiné au duc et à ses conseillers ; puis, il fut pris comme les demoiselles d'un soudain malaise, après avoir goûté des fruits exotiques qu'on leur avait proposé. Il en profita pour se rapprocher de la future duchesse, Catherine Michelle d'Autriche, qui ne semblait pas se réjouir de son mariage futur.
A 11h, la chasse fut interrompue jusqu'à ce que ces faits soient tirés au clair. Inspectant le château, Mathilde et Kara capturèrent deux autres individus suspects qui avouèrent être eux aussi payés par le duc de Lorraine pour nuire à son rival de Savoie. Ils mirent au point un stratagème afin de piéger les autres assassins : Tomas, déguisé en duc de Savoie, servirait d'appât tandis que Kara se cacherait dans l'armoire et que Mathilde surveillerait le balcon. Ce fut un succès et un homme fut pris sur le balcon. Alors qu'ils le maîtrisaient, un homme tira de loin sur Tomas ; il fut rattrapé après une courte poursuite à cheval.
Considérant que le danger était maintenant écarté, Mathilde et Kara, attirés par le frisson de l'aventure, décidèrent d'aller mettre fin à la légende du démon. Tomas décida de les accompagner pour s'attirer les faveurs de la future duchesse. Et c'est ainsi qu'ils entrèrent dans la légende du château en revenant le soir, blessés et recouverts de terre, avec le cadavre du démon. Tomas raconta comment ils avaient affronté courageusement ce monstre de dix mètres d'envergure aux yeux rouges comme la braise, et comment sa dépouille avait mystérieusement rétréci après le coup fatal.*
Le lendemain, le grand banquet eut lieu et ils y furent servis en héros.** Le duc leur offrit l'hospitalité jusqu'à leur rétablissement et après cinq jours de repos passés à musarder dans le parc en bonne compagnie, ils repartirent à l'aventure.
* Certains affirment qu'ils auraient en fait affronté un ours et que le cadavre du démon était en réalité celui d'une simple chauve-souris ; mais ce sont sûrement des mauvaises langues.
** Le titre de Maître Ripailleur fut conservé par un homme que l'on surnomme le Renard, qui n'avait pas interrompu sa chasse malgré les évènements.Note : si j'en ai le courage et le temps un jour, je transformerai ça pour lui donner un air de récit howardien.